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Delphine Dewachter appartient à l’essor, par la réappropriation au sein des pratiques artistiques contemporaines depuis une dizaine d’années, des techniques artisanales et traditionnelles (l’usage du textile, de la broderie, de la céramique, etc.) et de ce que l’on pourrait qualifier de « renouveau vernaculaire ».

Au sein de cette valorisation du « fait main », des savoir-faire, les notions de décoration et de motif sont autant de confirmations d’un art contemporain qui se moquerait des « refoulés » de la modernité. Cette résurgence de pratiques artisanales ou traditionnelles, longtemps (et, pour certains, toujours) considérés comme « mineures » — terme pourtant, là encore, en contradiction avec le refus par le post-modernisme de la hiérarchie des catégories — ouvre, dans une approche inclusive des pratiques artistiques, à l’idée de cultures visuelles élargies vers un ailleurs de l’art.

C’est cet « ailleurs » que Delphine Dewachter nous invite à visiter dans Qui songe à oublier se souvient, en « bouturant » ces pratiques réinvesties avec des images et des lieux qui s’imposent aux spectateurs comme des retours en surface de souvenirs partagés, où nous sommes accueillis comme si nous visitions ses songes.

Mêlant photographies brodées, installations textiles, céramiques et dessins, cette nouvelle exposition de Delphine Dewachter à Bourges, Qui songe à oublier se souvient, invite le spectateur à un parcours esthétique et allégorique qui tient autant au récit de voyage nous permettant de prendre la mesure du monde, qu’à une transfiguration maniériste de celui-ci.

Par ses descriptions d’un ailleurs rêvé (dans un registre du merveilleux obnubilant) et d’une appropriation du réel et de ses images (parfois dans ses évènements les plus dramatiques) grâce au geste artistique de la broderie, Delphine Dewachter nous promène en plusieurs époques et plusieurs lieux appartenant autant à la mémoire qu’aux songes, à l’instar de l’ouvrage fascinant attribué au moine dominicain Francesco Colonna, Le Songe de Poliphili, paru à Venise en 1499, histoires elliptiques et enchâssées décrivant un voyage intérieur où l’espace du rêve est le labyrinthe inversé de la vie éveillée.

Dans ses traversées de jardins maniéristes où se confondent l’architecturé et le végétal dans un combat de la nature contre l’artifice, Delphine Dewachter nous entraîne, telle une évocation de la peinture italienne, dans une représentation d’un art de la ruine où l’architecture semble abandonnée, dans une description de l’agencement de jardins merveilleux, de grotesques botaniques et d’inventaires lapidaires côtoyant l’ornemental, à la rencontre de nymphes de textile dont l’origine végétale ou animale nous reste énigmatique.

Nous sommes donc bien en présence d’une invitation à nous engager dans un parcours initiatique, à la rencontre de nombreux symboles et ornements faisant référence aux merveilles et aux mystères des arts sacrés.

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